Voilà longtemps que je me demande ce qui me fascine tant dans ces deux domaines a priori très différents. C'est peut-être que l'un comme l'autre incarnent l'humain d'aujourd'hui, notre société un peu bourgeoise, un peu philosophe, un peu rebelle mais bien attachée à son confort. Ou que ces deux-là me ressemblent un peu (moitié art, moitié web), ou qu'il y a là simplement belle matière à inspiration pour les business developer et autre web marketer que nous sommes...
Définition rapide (merci Wikipédia):
- Le Web 2.0 est "une évolution du Web vers plus de simplicité (ne nécessitant pas de connaissances techniques) et d'interactivité (permettant à chacun de contribuer sous différentes formes)".
- Le Street Art ou Art Urbain "est un mouvement artistique contemporain. Il regroupe toutes les formes d’art réalisé dans la rue, ou dans des endroits publics, et englobe diverses techniques telles que le graffiti, le pochoir, la mosaïque, les stickers ou les installations."
Des tas d'idées reçues...
Idée reçue n°1:
Entre le web et l'art de rue, il y a une incompatibilité virtuel-réel.
L'un est ciment, poussière, écorchures, adrénaline, peinture, colle et papier sur les mains. Du palpable, du concret. Du réel, du vrai si vous préférez.
Alors que sur le web tout est propre: il n'y a rien à palper si ce n'est les touches de son clavier ou la platitude de son écran.
Idée reçue n°2:
Le geek n'a rien d'un artiste…
C'est bien connu, le geek est un scientifique un peu boutonneux, mal rasé avec des lunettes et des cheveux longs, qui passe son temps à jouer aux jeux-vidéos ou à programmer des trucs de dingue sur son ordinateur.
L'artiste de Street Art quant à lui, porte des pantalons buggy, des T-shirts cool, des sweat à capuche, fume des joints, est rebelle, refait le monde et passe son temps à jouer au chat et à la souris avec la police.
Et bien je vous l'apprends peut-être: le geek moderne aussi! Et dans l'art urbain comme dans l'internet, on trouve des monsieur Toutlemonde à tous les coins, on trouve des barbes, des cheveux longs, des fous de Facebook ou de jeux vidéo aussi.
Bref: dans l'un comme dans l'autre, il y a des idées, des couleurs, du social, de l'humain.
...Mais des tas de points communs aussi !
Point commun n°1:
L'esprit démocratique
D'abord, c'est bête, mais tous les deux, ils sont gratuits et à portée de tous: le don de contenu, c'est autant une caractéristique du web 2.0 que du Street Art.
L'artiste qui colle son oeuvre sur un immeuble, un banc ou un réverbère c'est un cadeau qu'il fait aux habitants de la ville. Il égaye leur parcours en donnant de son esprit, de ses couleurs, de sa culture. Et tout cela sans qu'ils aient besoin de payer le moindre euro pour un ticket d'entrée. L'art est là, disponible pour tous et tout de suite.
Cela ne vous rappelle rien?…Wikipédia par exemple? De l'information faite par tous et pour tous, disponible à tout moment et sans avoir besoin de débourser un euro - bref du contenu démocratisé, désacralisé, offert et généreux.
Point commun n°2:
L'esprit libertaire
Le web revendique sa liberté, veut s'exprimer sans contrainte, ne pas être bridé par les monstroplantes modernes: gouvernements, argent, carcans sociaux, etc. Et bien le Street Art a le même combat, les mêmes ennemis.
Les uns se battent contre Hadopi en France ou contre la GEMA en Allemagne, les autres contestent avec des images là où les premiers utilisent des mots.
Au final, quelles que soient les idées défendues, qu'elles le soient "online" ou "offline", des activistes il y en a autant parmi les artistes que parmi les geek.
Point commun n°3:
Le règne du visuel
Le but de tout artiste de Street Art, c'est aussi d'être vu.
Le but du geek, c'est d'être lu ou d'être visité, cliqué dans le cas du site web. Et cela implique pour l'un comme pour l'autre de savoir jouer avec les codes visuels qui régissent le cerveau du spectateur potentiel: couleurs, positionnement de l'image dans son contexte (environnement urbain ou site internet), force picturale (sens + rendu visuel), techniques que les deux manient la plupart du temps avec art.
Point commun n°4:
L'éphémère éphémère.
Le Street Art est un art éphémère, c'est même Wikipedia qui le dit.
Mais dans le fond, même si on nous dit que le web enregistre tout, n'avez-vous pas vous aussi l'impression de perdre des tonnes de matière au fur et à mesure? Vos e-mails, vos lectures, sitôt lus, sitôt oubliés, ou presque. Bon, bien sûr la plupart du temps, ils sont enregistrés quelque part. Vous pourrez donc toujours faire une recherche pour retrouver les choses - si tant est que vous vous en souveniez assez pour savoir que chercher.
Et bien en matière de Street Art c'est pareil: l'artiste ne part généralement jamais sans avoir pris une photo de son oeuvre…et maintenant que de plus en plus de gens s'y intéressent, des photos d'oeuvres de rue, il y en a, et en nombre…notamment sur le web….
Quand le Street Art s'invite sur le web...
Le Street Art s'invite sur le web... et il a bien raison!
Je ne vais pas relever ici les nombreux articles et blogs existants sur la question, ce serait trop long, mais me contenterais de noter la présence toujours plus nombreuse de groupes de Street Art sur Facebook, ce qui est à mon sens un bon indicateur de sa popularité grandissante d'une part et de l'importance du web sur ce mouvement d'autre part:
Le web permet à l'oeuvre de Street art d'être vue plus encore, d'être archivée (fin d'un éphémère cruel) et de devenir virale : de plus en plus de monde soutient le travail des artistes de rue, donnant ainsi plus de poids à leurs messages et de liberté à leur action. Et quoi qu'il en soit, les échanges qui en découlent ne peuvent lui être que bénéfiques.
Mettez du Street Art dans votre com'!
Peu à peu - perversion ou cours normal des choses? - le Street Art infiltre le marketing (Vous trouverez notamment de beaux exemples de "Street Marketing" ici).
Alors à quand son infiltration dans les techniques de Webmarketing ?…En tout cas, le matériel est facile d'accès et sans contraintes de copyright: il suffit pour cela de se balader dans la ville avec son appareil photo...
Et quoi qu'il arrive, je viens déjà de vous démontrer son intérêt en rédaction web, puisqu'il semble que vous ayez lu jusqu'au bout un article pourtant bien long… ;-)