Difficile de l’avoir raté, @LVMH inaugurait lundi en grandes pompes la fondation Louis Vuitton, un nouveau musée d’art contemporain, en présence de Monsieur Le Président. Ouverture au public prévue le 27 octobre 2014.
Dans le même temps, @Guerlain propose dans sa boutique des Champs-Elysées une exposition sur le thème de l'Inde, « Kaleidoscopic india », en association avec la FIAC...
La liste des coopérations entre l’art et le luxe est longue aujourd’hui. Celle des guerres et des horreurs du monde aussi.
Ça râle chez les critiques, l’art n’aurait rien à faire dans les pattes du luxe. Moi j’avoue trouver l’association intéressante. Même si j'ai flirté longtemps dans les milieux du street-art allemand, très à gauche, très anti-capitaliste, très anti-tout-ce-que-vous-voulez. Et que je continue d’y avoir mes affinités les plus profondes. Pourtant le sempiternel criticisme des journalistes m’agace et j’ai envie de vous faire part de mon point de vue ici.
Il y a toujours eu des mécènes pour l’art, et non, ils ne le faisaient pas à titre gratuit comme on le laisse entendre chez Média Part, ils le faisaient pour leur notoriété, leur prestige et certainement leur plaisir personnel aussi. Et cela était fort utile aux artistes, cela favorisait la création (cf. les Michel-Ange et autres Raphael sous les Medicis et autres François Ier). A partir du XIXème siècle, certains artistes ont cherché à se libérer des contraintes du mécénat pour pouvoir créer à leur guise. C’est très bien. Mais ils se sont replongés « dans la gueule du loup » quasi aussitôt…les Peggy Guggenheim, Pierre Cardin, Cartier et autres Yves Saint Laurent se sont mis à investir dans l’art et les artistes, à créer des fondations, à utiliser en somme leur "fric immonde" pour donner à voir l’art à tous. Alors oui, ils capitalisent ainsi sur leur nom, mais ils comblent également par là-même les failles d’un système public qui n’a plus les moyens de rendre comme il se doit l’art à tous. Parce que ça coûte cher, des centres Pompidou et autres extensions du Louvre, et que Monsieur et Madame Bidochon n’ont pas envie de payer ça avec leurs impôts, parce qu’ils n’en ont rien à faire de l’art ! Et ils vomissent sur ce luxe qu’ils ne peuvent pas se payer, et c’est bien normal, on se met tous à leur place, puisqu’on est globalement 99% de la population française à être comme eux. Et pourtant, mademoiselle Bidochon rêve tous les soirs de son mariage à 50.000 €, jetés par la fenêtre en une nuit, de sa robe blanche de grand couturier, de ses litres de champagne Veuve-Clicquot pour épater ses invités. Et les journalistes - ah ces braves journalistes quadragénaires cool sans enfants ou presque qui vivent dans des appartements parisiens hors de prix et qui se veulent témoins de ces pauvres français persécutés - et bien les journalistes, qu’ils se taisent si c’est pour tisser sur leurs journaux en déclin tant d’hypocrisie et d’appels à la haine.
Aujourd’hui une partie de l’art se revendique « d’en bas », mais l’artiste qui peut se passer "de quelques pièces" doit aussi pouvoir se le permettre... Ne serait-ce que pour acheter ses pinceaux, ses toiles ou ses bombes de peinture, ses buggy Carharrt ou ses Van’s, ses tatouages même, qui coûtent en proportion une petite fortune aussi... Mais son apparence est part de sa réputation, tout rebelle qu’il soit. Le regard de l’autre, du groupe dans lequel il évolue reste pour beaucoup source d’enjeux importants et de dépenses. La "société du spectacle" nous pousse tous à porter nos déguisements sociaux. Et celui qui affiche ses oeuvres dans la rue et qui les signe de surcroît, qu’il n’aille pas me dire qu’il n’a pas envie par ce geste d’être vu et reconnu, aimé en somme d’une communauté de « fans » . Les marques, qu’elles soient de luxe ou d’ailleurs, poursuivent la même ambition, celle d’être vues, connues, reconnues. Celle du profit aussi, c’est certain. Mais ce profit est utile aussi. Certes, certains pourraient ne pas s’en mettre aussi indécemment dans les poches, cela faciliterait la défense de ceux qui entreprennent et qui cherchent à gagner de l’argent, non pas pour s’en mettre tout seul plein les poches, mais pour donner du boulot à tout un tas de gens. Parce que 3,5 millions de chômeurs en France, cela donne une belle mission aux entrepreneurs que nous sommes. Quand on voit l’efficacité de nos gouvernements, qu’ils soient de gauche ou de droite, à donner du boulot aux gens, je me dis qu’on a peut-être aussi un rôle à jouer. Et critiquer sans cesse, comme le font ces chers journalistes, c’est divertissant certainement pour quelques lecteurs, mais cela ne donne du boulot à personne.
Anyway. Est-il important de justifier les raisons pour lesquelles on s’intéresse à l’art ? Le plaisir qu’il procure, les émotions, l’humain, sa propension à la création et la fascination que ces oeuvres peuvent procurer auprès d’autrui, la magie, le miracle humain. Alors oui, de là est né un marché. Et non l’inverse. Car je reste de celles qui pensent que si le marché est un soutien important à la création, il n’en est pas une condition sine qua non. L’art existait avant qu’il n’ait un prix. Et le besoin de créer existe chez certains artistes qui pourtant n’intéressent personne. Mais il y a ces plasticiens qui, comme ces musiciens qui parviennent à composer des « tubes », réussissent à toucher le plus grand nombre, c'est-à-dire les professeurs d’histoire de l’art, les critiques d'art, puis le grand public et enfin les gens qui achètent. Et bien à ces artistes-là, je dis simplement bravo, vous avez réussi, vous êtes les meilleurs ! Et que tous les jaloux passent leur chemin. Votre art est meilleur que le leur, il a touché plus de monde, il a gagné plus de sympathie, de visiteurs et d’argent…well done.
Le luxe est visuel, le luxe est magie, le luxe est argent. Tout autant que l'art.
Et puisque l’un donne ici à faire vivre l’autre, et que l’autre donne du corps et de la profondeur au premier, puisque leur association fait couler de l’encre, briller des yeux et s’interroger simplement, alors c’est à mon sens, un mariage réussi.
#Luxe #Art